La 4G en retard et déjà la 6G

Paru ce 8 mars 2021 sur La Dépêche du Midi.
Alors que les antennes 5G commencent à peine à se déployer en France, suscitant parfois beaucoup de défiance, certains pensent déjà… à la 6G ! La 6G devrait être le réseau de l’ultra ultra haut débit (plus de 1000 gigabits par seconde) et d’ores et déjà on commence à y réfléchir en Chine, en Corée du Sud, aux États-Unis et en Europe.

Au Parlement européen, le groupe Renaissance plaide pour accélérer 

En Europe justement, le groupe Renaissance – auquel appartiennent les eurodéputés français macronistes – a pris position pour ne pas rater le coche. Renew Europe a ainsi organisé un webinaire jeudi matin, à l’initiative de l’eurodéputé finlandais Mauri Pekkarinen , membre de la commission de l’industrie, de la recherche et de l’énergie. « Alors que la 6G n’en est qu’à ses débuts, nous pouvons déjà constater qu’elle a un grand potentiel non seulement pour créer de nouvelles technologies révolutionnaires, mais aussi pour créer des marchés entièrement nouveaux, changer les modèles commerciaux et la société. L’adoption commerciale de la 6G est prévue dans une dizaine d’années. Si nous voulons façonner la concurrence selon nos propres termes et nos propres valeurs, nous devons commencer à encourager la collaboration entre la recherche et l’industrie et à supprimer les obstacles réglementaires là où ils existent », assure le parlementaire.

« Bien que la mise en œuvre de la 6G puisse sembler lointaine, la bataille sur les normes de la 6G a déjà commencé. Si nous voulons que la 6G soit sûre, ouverte et libre, l’UE doit agir maintenant et ne pas laisser l’avenir être décidé par la Chine ou d’autres pays. La 6G représente le centre névralgique de nos sociétés futures ; assurons-nous qu’elle repose sur les valeurs européennes et les meilleures normes technologiques », rajoute de son côté l’eurodéputé néerlandais Bart Groothuis, co-animateur du webinaire.

Les champions européens des télécoms sont au travail

C’est que l’Europe entend bien cette fois ne pas se faire distancer comme elle l’a été pour la 5G, pour laquelle le chinois Huawei a pris le leadership mondial, occasionnant parfois des tensions diplomatiques et devant se plier à des règles restrictives imposées aux opérateurs dans plusieurs pays.

Afin d’identifier les futurs usages potentiels de la 6G et les technologies qu’il faudra développer, l’Europe a d’ores et déjà lancé en début d’année le projet Hexa-X, piloté par Nokia et Ericsson avec le soutien de la Commission européenne. Au sein de ce consortium de près de 140 membres, une vingtaine d’entreprises des télécoms, dont Orange, Atos et le Commissariat français à l’énergie atomique, vont plancher sur six grands axes de travail.

« Alors que la 5G nous a permis de consommer des médias numériques partout et à tout moment, la technologie du futur devrait nous permettre de nous intégrer dans des mondes entièrement virtuels ou numériques. Dans le monde de 2030, l’intelligence humaine sera augmentée en étant étroitement couplée et étroitement liée au réseau et aux technologies numériques », explique l’équipe de Hexa-X. 

La Chine a déjà lancé un satellite de test

Les Etats-Unis qui veulent pareillement effacer l’affront d’avoir été doublés sur la 5G par la Chine, ont eux aussi créé une alliance pour plancher sur la 6G. Baptisée Nest-G Allizance, ce consortium réunit une vingtaine d’opérateurs télécoms et industriels américains mais aussi Samsung, LG, Ericsson et Nokia, et les géants de la Silicon Valley Apple et Google.

Mais cela sera-t-il suffisant ? La Chine a mis en orbite en novembre dernier un premier satellite expérimental 6G afin de tester les bandes de fréquence térahertz (THz) du futur réseau. Et la Corée du Sud est elle aussi comme souvent à la pointe sur les réseaux du futur.

La  course à la 6G ne fait que commencer…