Rappel des faits
Rappelez-vous ! Cette affaire d’antennes relais est celle qui est à l’origine de la création de l’association OndesPositives.Org: l’implantation illégale, en zone naturelle, d’un pylône de 32 m de hauteur équipé d’antennes 4G et 5G sur la colline du Pech de Dreuilles dans la commune du Vigan dans le département du Lot (46).

Jeudi 2 février a eu lieu l’audience au tribunal administratif de Toulouse, 3 années après le lancement d’un recours administratif par un regroupement de riverains de la commune du Vigan.
Sans ce recours, les antennes seraient installées sur la colline depuis au moins 2 années et seraient visibles de toute part puisque situées sur une des collines les plus hautes en altitude de la commune.
Sans ce recours, c’est toute une zone naturelle qui aurait été dénaturée non seulement par l’érection de ce pylône, mais aussi par le défrichement d’une partie de la forêt pour permettre l’accès aux engins de chantiers au sommet de cette colline.
Et c’est bien dans cet intérêt majeur qu’un groupe de Viganais.es s’est senti investi de protéger ce lieu naturel magnifique où nature sauvage et promeneur se rencontrent quotidiennement
La zone d’ombre blanche !
Constatez par vous-même sur la carte suivante que cette nouvelle antenne relais (point vert) serait absolument nécessaire. Il n’y a aucun autre pylône aux alentours ! … « Ah! On me dit à l’oreillette qu’il en existe déjà beaucoup, et 2 sont même très proches. » 😅 .
La loi oblige aux nouveaux opérateurs d’installer leur infrastructure sur les pylônes existants, sauf en cas de zone blanche (c’est-à-dire non couverte par des ondes 4G-5G): mais ce n’est pas le cas de la commune du Vigan, elle n’apparaît pas dans la liste officielle des communes en zone blanche. Pourtant, c’est l’élément essentiel de justification de Free mobile pour cette implantation : « Le Vigan est en zone blanche« , indique Free Mobile sur sa déclaration préalable de travaux.
L’erreur qui n’aurait jamais dû arriver !
L‘intérêt majeur de la préservation des zones naturelles de notre si belle commune aurait dû être érigée tel un monument indéboulonnable par le conseil municipal fraichement élu à l’époque !
Car nous avons appris de l’aveu même de l’avocat, qui représentait à l’audience la mairie du Vigan, que le plan local d’urbanisme du Vigan (PLU) serait entaché d’une erreur flagrante d’urbanisme ! En effet il autoriserait spécifiquement l’implantation d’antennes relais 4G-5G en zone naturelle, ce qui est strictement défendu par la loi française. Les juges ont semblé surpris d’un tel désaveu. Le conseil municipal était-il au courant de cette erreur manifeste avant de prendre sa décision d’autoriser l’implantation ?
Donc, nous en sommes là ! Un petit groupe de citoyen a investi plus de 6000 € en frais d’avocat pour faire respecter la loi et faire préserver une zone naturelle en lieu et place des institutions qui sont censées être garantes de la loi. De son côté, la mairie a dû investir à peu près la même somme pour leur avocat pour justifier une erreur de PLU.
Et tout ça pour quoi ? Pour un projet d’implantation d’antennes relais qui n’aurait probablement jamais existé si le PLU avait été conforme à loi et si la loi avait été respectée ! On marche sur la tête, de l’argent gaspillé… pour trois fois rien… une erreur administrative dans un document administratif.
Cela ressemble bien à sorte de déliquescence de nos institutions, embourbées dans la faune des textes de loi et déplumées de ses fonctionnaires pourtant essentiels afin de maintenir l’état de droit et informer avec diligence nos élus.
Il faut sauver notre Pech de Dreuilles !
Alors chère lectrice ou cher lecteur, vous vous dîtes surement que cette affaire sera vite réglée d’ici à un mois lorsque les jugent auront délibéré.
Vous vous dîtes qu’il n’y aura pas de défrichement de la forêt pour créer un chemin d’accès aux engins de chantier, qu’il n’y aura pas de dalle coulée en béton dans cette zone naturelle, qu’il n’y aura pas un périmètre de sécurité borné par une haute clôture et qu’il n’y aura pas un nouveau pylône inutile de 32 m de hauteur visible à 360° partout depuis les habitations du centre-ville ou même celles sur les hauteurs des collines plus lointaines.
Mais que nenni !
Car c’est sans compter le fervent appui du gouvernement, qui, dans un geste de bonté, à profiter de la période de confinement pour concocter de nouveaux textes de loi garantissant de nouveaux droits inaliénables aux multinationales, ici en l’occurrence ceux des opérateurs téléphoniques !
Cette loi d’avril 2019 précise que seuls les très proches riverains d’une future implantation d’antennes relais auraient le droit de requérir une audience au tribunal administratif, sans en préciser la distance, laissant les juges en apprécier sa valeur. Or les premiers juges délibérant sur de telles affaires ont décidé que cette distance serait de 250 m.
Voilà, que l’on soit en ville ou en campagne, c’est la même règle : 250 m. Ni plus, ni moins. Pourtant, en campagne, les habitations sont plus espacées, certaines parcelles d’habitation courent sur plusieurs centaines de mètres.
Vous l’aurez compris, l’ensemble des requérants dans cette affaire habite à plus de 250 m de cette satanée future antenne.
Un air de déjà vu : David contre Goliath
Durant 3 années, les requérants dans cette affaire auront été les mandants des invisibles, de ceux qui se taisent, de ceux qui ne peuvent agir, de ceux qui ont peur, de ceux qui ne savent pas.
Ils ont créé cette association de défense locale OndesPositives.org. Ils ont agi pour le bien commun, pour la défense de la préservation de la faune et la flore. Mais ils sont une goutte d’eau face à un océan, David contre Goliath, une aiguille perdue dans une botte de foin.
Ils ne sont rien s’ils ne sont pas 100, 1000, 10 000, une marée humaine, à crier de concert : « préservons nos zones naturelles, préservons notre terre, préservons l’humanité ! »
Dernier acte
Comme dans une pièce de théâtre, il a toujours un rebondissement au dernier acte.
Peut-être les juges jugeront le fond de l’affaire et décideront qu’en campagne une distance d’un 1 km est tout à fait justifiée ?
Peut-être que le conseil municipal du Vigan reviendra sur sa décision de laisser nos zones naturelles se bétonner et décideront finalement d’interdire par tous les moyens possibles cette implantation d’antennes relais ?
Peut-être que le plan local d’urbanisme sera corrigé pour éviter de futures déconvenues ? Peut-être le Schéma de cohérence territoriale (SCOT) prendra mieux en considération la préservation de notre territoire rural ?
Peut-être devrions-nous nous impliquer plus dans nos institutions et nous investir dans les conseils municipaux de nos villages pour éviter de tels écueils ?
Peut-être ?
Alors, nous vous donnons rendez-vous dans un mois environ pour le dénouement de cette affaire.
Protégeons nos zones naturelles contre l’implantation insidieuse d’antennes relais !